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IUFM en lutte
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28 mars 2009

Quatre présidents d¹université appellent à la mobilisation, dont celui de Lille 1, 27 mars 2009

Hier, réunis au colloque annuel de la Conférence des présidents d¹université, les présents ont lancé un appel à la reprise des cours. Quatre de leurs confrères, et pas des moindres puisqu¹il s¹agit de Pascal BINCZAK, (Paris 8 Vincennes), Bernadette MADEUF (Paris-Ouest-Nanterre), Georges MOLINIE (Paris IV La Sorbonne) et Philippe ROLLET (Lille -I) - ont décidé de leur répondre vertement.

Voici cet appel qui sera probablement signé dans la journée par d¹autres présidents d¹université. Il montre que la colère du milieu universitaire reste forte, large et que la CPU dans sa composition actuelle n¹en represente qu¹une partie. Lire ici une analyse de la situation du mouvement de contestation.

Tonnerre de Brest ! La Conférence des Présidents d¹Université (CPU) tient depuis le mercredi 25 mars son colloque annuel, à Brest. Pendant ce temps, nos ministres de tutelle maintiennent le cap des réformes que la communauté
universitaire, après huit semaines de mobilisation, continue massivement à rejeter. Pendant que les présidents réunis à Brest appellent clairement les universitaires à rentrer dans le rang au prétexte que leurs principales revendications auraient été satisfaites, nos universités voient dans les faits le mouvement en cours se poursuivre, voire s¹amplifier, avec une détermination et une inventivité étonnantes. Nous, présidents d¹université responsables, avions hésité à participer à ce colloque brestois de la CPU que nous jugions pour le moins inopportunŠ et qui ressemble ces jours-ci à
une fuite à Versailles !
Le dernier communiqué de la CPU, ainsi que les conditions dans lesquelles se tient son colloque, justifient amplement nos préventions. En capitaines de navires qui traversent une tempête comme l¹université n¹en a pas connue depuis 1968, nous considérons que notre devoir est de rester sur le pont, solidaires de nos collègues enseignants-chercheurs et personnels administratifs, solidaires de nos étudiants.
Cet « Appel de Brest » lancé mercredi par la CPU invitant unanimement à la reprise des cours et de l¹organisation des examens, sonne comme une réponse à « l¹Appel de la Sorbonne » que nous avions lancé le 9 février, par lequel
nous appelions les ministres de l¹Education nationale et de l¹Enseignement supérieur et de la Recherche à « retirer tous les projets de réformes controversés » et à organiser une véritable concertation pour construire sur de meilleures bases l¹avenir de nos institutions universitaires. Ce communiqué n¹a donc été voté qu¹à l¹unanimité des présidents présents à Brest et n¹exprime donc nullement une position unanime de l¹ensemble des présidents d¹université.

Notre sens de la responsabilité nous conduit également à regarder les circonstances avec les yeux de l¹honnêteté, à dénoncer le fait que nos ministres n¹ont toujours pas pris la mesure de la situation, à regretter l¹étrange surdité de certains collègues qui depuis le phare de Brest croient observer que le « champ de la concertation » a réellement été ouvert et qu¹il convient donc que les universités reprennent leur activité normale. Fermez le ban !

Pour ce qui nous concerne, nous constatons que la réforme dite de la « mastérisation » reste confuse dans l'organisation qu¹elle propose pour les concours de recrutement et que ce projet est maintenu dans des termes et des
principes que nous continuons à rejeter comme nocifs tant à la qualité qu¹à la cohérence de la formation des enseignants des premier et second degrés.
Les dernières propositions du ministère génèrent une confusion pointée par tous les acteurs de la formation des enseignants en prétendant échanger un recul dans la mise en place des nouveaux concours contre une mise en place
immédiate des nouvelles formations. C¹est là une man¦uvre pour faire entériner à l¹avance tout le processus combattu par la majorité de la communauté universitaire. La seule solution simple et claire est de proroger le dispositif actuel dans sa totalité, pour un an (y compris l¹année de formation en alternance). Nous constatons aussi que l¹augmentation des moyens promise par les pouvoirs publics ne s¹est jusqu¹à présent traduite  que par le travestissement des dotations budgétaires de l¹Etat (qui font en réalité apparaître une baisse sensible de nos moyens) et que les suppressions de postes pour l¹année 2009 sont toujours maintenues.

Nous constatons encore que la réforme du statut des enseignants-chercheurs, loin de satisfaire les attentes des personnels concernés, continue d¹aggraver les contradictions de la loi LRU. Inscrite dans la dernière version du projet de décret, la possibilité pour les enseignants-chercheurs de choisir librement l¹établissement dans lequel ils souhaitent effectuer leurs activités de recherche empêchera les acteurs de l¹université de conduire efficacement la politique scientifique de leurs établissements, telle que la loi LRU pourtant les invite à la construire de manière
autonome. Et c¹est encore la concurrence entre universités qui sera ainsi exacerbée. Cette nouvelle version d¹un décret que la ministre ne finit pas de réécrire, est proprement irréaliste en ce qu¹il hypothèquerait tout
recrutement sur les bases d¹un profil de recherche correspondant à la politique scientifique de l¹établissement.

Notre sens des responsabilités nous appelle, enfin, à garantir la qualité des diplômes de l¹année 2009. Nos universités ont acquis depuis longtemps une expérience en matière d¹aménagement des modalités de validation des cursus en période de grève, et nous n¹avons pas besoin d¹injonctions pour prendre les mesures qui conviennent à la situation. La fébrilité manifeste de certains, qui les conduit, face aux revendications des étudiants, à préférer à l¹échange d¹arguments, celui de gestes violents, dans des altercations confuses, ne les qualifie pas pour donner des leçons de
responsabilité. Il est plus que temps de négocier sérieusement en acceptant de traiter globalement une crise qui est globale, ce qui suppose d¹abord de retirer, comme nous le demandons depuis plusieurs semaines, les projets de
réforme controversés. Cette crise aurait pu être évitée et réglée en quinze jours au mois de janvier : poursuivons tous la mobilisation pour que cette crise ne pourrisse pas davantage l¹année universitaire.

Pascal BINCZAK, Président de l¹université Paris 8 Vincennes ­ Saint-Denis
Bernadette MADEUF, Présidente de l¹université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
Georges MOLINIE, Président de l¹université Paris IV La Sorbonne
Philippe ROLLET, Président de l¹université Lille I

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