Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
IUFM en lutte
Newsletter
Archives
8 décembre 2009

Yves Durand, l'école et la formation des enseignants: un peu d'air frais!

A lire sur le blog du député-maire de Lomme (chargé des questions éducatives au Parti socialiste)

Yves Durand, l’école, sur internet

Pour la première fois depuis que l’école a été instituée dans notre pays, enseigner devient le seul métier qui ne s’apprend pas. Les enseignants n’auront jamais vu un élève avant de prendre une classe en responsabilité.

En prétendant le contraire, les deux ministres Luc Chatel et Valérie Pécresse mentent ! Ils mentent parce qu’ils savent pertinemment qu’en faisant de la deuxième année de master une véritable course d’obstacles, ils obligent de fait les étudiants à sacrifier les stages devant une classe devenus facultatifs.

On peut aisément comprendre qu’il soit impossible de distraire un peu de temps à des stages après avoir passé un concours en Septembre, préparé un second pour mai tout en terminant son travail de recherche nécessaire à la validation de son année de master.

Il faut tout le cynisme ou l’incompétence de nos deux ministres pour imposer, sans concertation, une telle organisation du recrutement de nos futurs enseignants.

La disparition de toute véritable formation professionnelle dans l’apprentissage du métier d’enseignant est une véritable ineptie pour quiconque s’est confronté à cette collectivité particulière que constitue une classe. Il ne suffit pas de maîtriser une discipline pour avoir la capacité de la transmettre.

C’est aussi affaire de psychologie, de tact, d’écoute, tout simplement de pédagogie pour employer un mot qu’ont toujours su incarner nos maîtres, mais que nos savants ministres ignorent, voire récusent.

Il y a plus grave : les futurs enseignants sans formation professionnelle seront incapables, sauf à avoir la pédagogie innée, de répondre aux nouvelles exigences du métier qu’ils ont pourtant choisi la plupart du temps avec enthousiasme. Le monde dans lequel vivent les enfants et les adolescents scolarisés est celui de l’image de l’immédiat, de la dictature, de l’émotion et du paraître. C’est à l’enseignant qu’il reviendra de plus en plus de faire comprendre à tous les jeunes le monde, dans toute sa complexité, en leur faisant admettre que la société dans laquelle ils vivent vient de loin et existera après eux. La mission de l’éducation ne sera plus tant d’apporter les connaissances que d’apprendre au futur citoyen qu’il a devant lui à les hiérarchiser pour leur donner du sens. Le souci d’appliquer scrupuleusement la politique de restriction budgétaire et de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux imposée par Nicolas Sarkozy, n’explique pas tout. Même si la suppression des stages « économise » près de 15 000 postes. Nos ministres sont aussi prisonniers de cette vieille idée selon laquelle la spécialisation dans un savoir disciplinaire serait à elle seule le gage d’un enseignement de qualité.

On pouvait espérer que cette conception rétrograde n’avait pas survécu à la démocratisation de l’enseignement effectuée depuis les années 1975 ; mais l’arrivée en masse, dans l’entourage du ministre de l’Education Nationale depuis 2002, des tenants d’une école élitaire l’a ressuscitée.

Il est urgent de résister vigoureusement à cette tentative de retour en arrière, au risque de ne jamais atteindre l’objectif nécessaire et juste de 50 % d’une classe d’âge à la licence, objectif d’ailleurs inscrit dans la loi Fillon sur l’école en 2005.

L’école a reçu une mission de la Nation : celle de faire réussir tous les enfants, c’est-à-dire de les pousser au plus haut niveau de leur possible, tout en ayant la même exigence pour tous. C’est parce que nous voulons apporter à chaque enfant des réponses individuelles à une ambition collective que nous plaçons la pédagogie au centre de l’éducation.

Mais cette « révolution pédagogique » ne pourra faire l’économie d’éducateurs nombreux, d’enseignants formés et d’un corps enseignant à l’image de la nation au nom de laquelle il enseigne :

 d’enseignants nombreux : il faut un moratoire immédiat à la suppression de postes, encore 16 000 pour 2010 dans l’Education Nationale ;

 d’enseignants formés aux nouvelles exigences de leur métier. Assommés par des réformes le plus souvent méprisantes, les enseignants ont besoin à la fois de liberté et de reconnaissance. Il est temps d’engager une large concertation sur le métier d’enseignant et sur les métiers de l’éducation en général. Cette concertation concerne au premier chef les enseignants eux-mêmes et leurs organisations représentatives, mais aussi l’ensemble des forces syndicales et les associations d’éducation populaire qu’il faut faire renaître.

Dans un premier temps, il est urgent que le bon sens et la compétence réinvestissent le ministère de l’Education Nationale : les ministres doivent reprendre leur copie sur la formation des maîtres.

 d’enseignants à l’image de la nation pour que le fossé entre la culture scolaire et celle de la rue cesse de se creuser, sans concession à un jeunisme qui n’est qu’une forme de mépris pour la jeunesse.

Une politique de prérecrutement des jeunes se destinant à l’enseignement, permettrait d’ouvrir l’enseignement supérieur à des jeunes de milieux modestes, tout en donnant à la nation un corps enseignant représentatif de toutes les catégories sociales.

Aujourd’hui, la mastérisation sans prérecrutement et sans réelle aide sociale pour les étudiants de milieux modestes restreint l’accès à l’enseignement aux catégories aisées.

Ce sont là quelques pistes de réflexion que nous voulons livrer au nécessaire débat sur l’éducation.

Mais l’urgence aujourd’hui est de bloquer le train de contre réformes en matière éducative imposées par le gouvernement depuis 2002  -et dont la suppression de la formation professionnelle des maîtres est sans doute le plus grave-.

Refuser de considérer la mission d’enseigner comme un métier qui s’apprend, c’est nier la place de l’éducation dans notre pays.

C’est l’école  qui constitue le creuset de la République ; encore faut-il donner aux enseignants qui la servent avec passion, les outils pour faire comprendre à des élèves de plus en plus divers, qu’au-delà de leur culture d’origine, il existe des valeurs universelles qui les rassemblent.

Aux  Français de dire s’ils acceptent une société sans éducation !

Publicité
Commentaires
IUFM en lutte
Publicité
Derniers commentaires
Publicité